Certains d’entre vous ont peut-être déjà entendu parler de la Great Ocean Road qui longe la côte de l’Australie du Sud et se termine à l’Ouest de Melbourne. Et bien nous avons trouvé que c’était un peu trop facile ! Nous avons donc décidé de faire la un peu moins célèbre Great Ocean Walk ! C’est un trek de 90km qui traverse également cette partie du pays mais en passant par des endroits inaccessibles en voiture. Nous en avons entendu parler par hasard sur le net car ici la rando n’est vraiment pas un sport de prédilection. Il a été d’ailleurs très difficile de récupérer les infos nécessaires à l’organisation même si a priori en été il faut réserver les campements des mois à l’avance. Fin août-début septembre c’est encore l’hiver en Australie, ça tombe très bien, nous aurons les chemins pour nous ! Bon il faut avouer que nous n’avons jamais fait de trek si long et en complète autonomie... 90km en 6 jours sur un terrain à difficulté modéré, il n’y a pas de raison, ça devrait le faire ! Toute la difficulté est de porter un sac lourd, de garder un rythme constant et de résister à la fatigue. C’est tout de même un challenge (surtout pour l’un de nous 2…devinez !) ! Nous voilà décidés, place maintenant à la préparation :

1) La logistique : par rapport aux étapes conseillées nous décidons d’en sauter une et d’en faire 2 en 1 par rapport au budget et au planning du reste du voyage. Ce qui nous amène à 6 jours et 5 nuits, avec une 15aine de km par jour. Car même si les campements sont très sommaires et perdus au milieu de la nature (accès uniquement à pied) nous devons tout de même payer 25-30$/jour. Le risque de se faire contrôler en cette période est très limité mais nous restons honnêtes.
Et pour la voiture, vu que ce n’est pas une boucle nous la garons au début (à l’Est) et marcherons d’Est en Ouest, en espérant à l’arrivée qu’une bonne âme nous prendra en stop car l’hiver, peu de navette…

2) Le matos : duvets, matelas de sol, tente (une toute nouvelle trouvée difficilement en Western Australia qui s’avèrera très peu étanche…), réchaud, gaz, et tout le petit équipement de camping. Plus 1 serviette de toilette pour 2 (on ne sait jamais si on parvient à se laver…), et quelques fringues (très peu).

3) « Les repas » : la bonne nouvelle c’est qu’à chaque camp des réservoirs d’eau de pluie sont accessibles. Nous n’avons donc pas besoin de transporter plus que la quantité quotidienne. La mauvaise nouvelle c’est qu’il n’y a aucun point de ravitaillement tout au long de la semaine, nous devons donc porter énormément. Place donc au rationnement et à l’imagination ! Il faut des aliments pas trop lourds, qui cuisent rapidement (car on transporte aussi le gaz…), sans emballage ou peu et qui tiennent au corps. Nous ne prendrons pas de repas déshydratés car très chers. Petit détail : il n’y a pas de poubelle tout au long du trek, il faut transporter également nos déchets. Pour les matins ce sera : du muesli (chacun sa quantité quotidienne bien précise à ne pas dépasser pour tenir la semaine), avec du lait en poudre à dissoudre et du miel. Pour les midis : sardines, maïs, wraps, fromage, œufs durs Pour les soirs : le fameux couscous-thon, riz, noodles, lentilles, haricots, soupes en sachets Une fois les emballages inutiles enlevés, nous rangeons le tout avec le reste des affaires. Nos sacs à dos sont un peu trop lourds, nous aurions pu optimiser encore plus la nourriture car pour le reste rien n’est superflu. Nous nous garons au point de départ, vérifions une dernière fois la liste des repas et des affaires et c’est parti ! Plus que nous et nos sacs en autonomie dans la nature pour 6 jours et 90km… !

Nos matinées pendant cette semaine :
Nous nous levons tôt (5h45) pour pouvoir marcher la totalité de l’étape avant la pause déjeuner et avoir ainsi l’après-midi douche et détente. Ce qui nous fait environ 5h de marche par jour. Avec les sacs bien lourds c’est largement suffisant car il faut tenir jusqu’au bout ! D’ailleurs même si au fur et à mesure ils s’allègent, la fatigue se fait de plus en plus sentir. Mais le jeu en vaut la chandelle ! Nous traversons des paysages très variés et fabuleux, d’autant plus que nous sommes seuls, les touristes ne sont définitivement pas encore arrivés. Rien de tel de surprendre des wallabies qui gambadent à travers les petits sentiers ou les vallées de kangourous par 10aines ! Nous apercevons même des koalas, dont 1 très proche qui nous fait une petite démo en montant le long d’un tronc pour aller… se coucher bien sûr. C’est très rare de les voir actifs car la plupart du temps ils dorment pour digérer les feuilles d’eucalyptus qui les rendent stone ! Nous croisons également un serpent, un peu moins sympa, surtout très proche du sentier de rando. Après recherches et confirmation, c’est le 2ème plus venimeux au monde… Nous traversons des forêts d’immenses eucalyptus, des vallées très vertes, marchons le long des falaises et sur la plage… Mais le sable avec le vent et les sacs qui pèsent ce n’est pas l’idéal et les montées de marches en bois sans fin encore moins… mais il ne faut pas désespérer et s’accrocher !

Nos après-midi et soirées:
Après 5h de marche, une douche s’impose oui mais…les campements en question sont basics : un abri en bois avec une table, des toilettes (trou et compost naturel…) avec papier (ça paraît normal mais c’est tout de même une bonne nouvelle car les campements sont inaccessibles ou pour certains difficilement en 4x4 et en hiver les Rangers sont bien au chaud chez eux), 1 réservoir d’eau de pluie avec un robinet et 8 emplacements pour planter sa tente. Nous avions l’embarras du choix car nous étions tous seuls… Mais pas de douche chaude ou bain moussant au programme ! Et petit détail, la température extérieure avoisine les 10°C et le vent est froid... Donc notre « astuce » pour se sentir complètement propre : en arrivant bien transpirant au campement, surtout ne pas s’arrêter et s’activer, remplir la gourde avec l’eau de pluie du réservoir, se mettre à poil (avantage d’être seul), se verser la gourde d’eau gelée et se frictionner rapidement au savon, se rincer, s’essuyer et s’habiller…tout cela pendant que l’autre vérifie si on ne se fait pas piquer par des moustique:s ou des sangsues… le rêve quoi ! La partie difficile étant terminée, nous profitons du temps qu’il nous reste avat la nuit (qui tombe vers 18h30) pour monter la tente, faire sécher les affaires, se faire un café chaud, jouer aux cartes, se reposer, lire, écrire et cuisiner le repas du soir ! Nous avons également passé 2 soirées avec Alan et Ryan, père et fils, 2 randonneurs que l’on a croisés, les seuls… ! Autour d’un feu de camp nous avons discuté et partagé le peu que nous avions (eux le whiskey et nous le sel. On a gagné au change ;)). Les repas rationnés ont tout de même été difficiles à tenir car nous avions encore faim après avoir fini… mais pas possible de grappiller sur la ration du jour suivant car pas de ravitaillement avant l’arrivée ! Et voilà, petit à petit et des douleurs dans les jambes en plus, nous terminons la Great Ocean Walk par son point d’orgue : The 12 Apostles (les 12 Apôtres) ! Ce sont des formations rocheuses dans l’océan provenant de l’érosion des falaises et qui disparaissent malheureusement au fur et à mesure des années. Le spectacle est grandiose et d’autant plus appréciable après 6 jours intenses ! Et pour le retour à la voiture (à 100km de là) : pas de navette ! aïe aïe aïe ! Mais coup de bol, à peine avait-on levé le pouce qu’un camper-van s’arrête et nous ramène directement ! Nous retrouvons donc notre tank et profitons d’un dernier morceau de chocolat mis de côté ! Maintenant direction le camping pour une douche chaude tant attendue !