Tout commença le 31 juillet à Perth, Western Australia. Localisation : jardin botanique. Heure 21. Alors que nous roulions en direction d’un parking perdu en ville pour y passer notre première nuit, nous décidâmes de couper à travers le parc, dans la nuit noire. A cette heure pour nous tardive, nous roulions au pas car une petite foule semblait attendre le bus sur le trottoir. Il s’agissait sans doute d’une sortie d’un évènement quelconque. Nous poursuivîmes notre chemin en ne se doutant de rien. Le lendemain, en plein milieu de la journée, le sort fît que nous repassions par là. Le même attroupement se trouvait au même endroit. « Il doit s’agir d’un festival sur plusieurs jours » nous nous dîmes. Le sort fît que nous réempruntions le même chemin le soir venu ; il s’agissait en effet d’une route devenue habituelle pour rejoindre notre stationnement nocturne gratuit. Une fois encore, des gens de tous âges se tenaient là. Nous notâmes cette fois-ci que chacun sans exception était penché sur son téléphone. Peut-être s’agissait-il de l’achat de place de concert à durée limitée? Un peu plus loin, nous nous enfoncions dans le parc. Là, l’interrogation fît place à l’angoisse. Des voitures roulant très lentement devant nous stoppaient sans raison apparente sur le bas-côté. Il n’était pas question d’un comportement isolé. Plusieurs véhicules dans le parc opéraient de la sorte. Cela ne pouvait pas être une coïncidence : ce comportement devait être lié à l’attroupement remarqué plus tôt. Nous ne tenions pu, il fallait savoir. Rapidement, nous nous garâmes derrière une voiture arrêtée avec la ferme intention d’en savoir plus. Incroyable ! Alors que j’allais sortir de la voiture, celle de devant partit aussitôt ! Nous la retrouvons plus loin une fois de plus attendant sur le côté de la route. Une série de théories nous passa par la tête. Trafic de drogue ? Impossible, beaucoup trop de monde et à découvert. Proxénétisme ? Peu probable dans ce parc plutôt bien fréquenté… Nous commencions à élaborer des explications irrationnelles. Attendaient-ils l’arrivée d’extra-terrestres ? Tout s’éclaircit alors le lendemain. Le midi, nous reprenions le même chemin mais à pied cette fois-ci. Le phénomène était observable de plus près. Des personnes de tous horizons étaient regroupées là. Businessman, ouvrier, étudiants, jeunes, vieux… Tous sur le téléphone à piétiner sur le même bout de trottoir. Nous nous arrêtâmes alors devant deux jeunes, semblant les perturber dans leur séance d’hypnose. « Pourquoi cet attroupement et pourquoi tous ces portables » ? « C’est un jeu, nous répondent-ils, Go ! Pokemon Go ! Quoi, tout ça n’était qu’un jeu ?! Ces gens semblent perdus pourtant. Au moins, il ne s’agit pas de petits hommes verts.  Notre marche continua en ville et nous nous aperçûmes que le jeu avait pris sur des dizaines de personnes. Leur écran vert cherchait sans cesse de petites créatures. La plupart ne se souciaient pas de leur entourage, au point d’ignorer le trafic. D’autres en profitaient pour promener leur chien ou juste marcher, pourquoi pas. Souvent seul, parfois en couple, les gens allaient et venaient aux mêmes endroits. Un « hotspot » paraissait-il. Nous fûmes choqués par certains comportements : par exemple un bébé semblait implorer son père pour de l’attention alors que celui-ci avait les yeux absorbés par l’écran de son téléphone. Des couples dans leur voiture où l’un conduisait et l’autre « cherchait » des pokemons avec son téléphone ! Toujours cette lumière verte… Ces gens ne se parlaient plus. A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous sommes bien loin de Perth et la « panique » à semble-t-elle pris d’autres villes. Il parait qu’il en va de même pour chez nous ! Je sais que certains amis sont déjà accrocs… Voilà la façon dont nous avons découvert ce phénomène étrange.